ÉTUDE DYNAMIQUE DES
POSTURES
PRINCIPE
Dès la naissance nous
acquérons des automatismes que l'on a avantage à exploiter plutôt que
de vouloir créer un système indépendant. En situation d'autodéfense, on
doit agir à partir de la marche normale ou d'une position que l'on aura
adoptée naturellement en s'arrêtant. User d'une position classique et,
qui plus est, basse peut semer la confusion dans l'esprit d'éventuels
témoins si l'on fait face à un homme qui ne fait aucun geste
visiblement agressif.
Il
faut fonder notre Karaté sur nos attitudes quotidiennes et
réciproquement. Ainsi, l'observation attentive des gestes, démarches et
attitudes permet de faire la liaison entre notre vie et notre Art.
L'étude
des postures commence donc par celle de la marche. On peut considérer
chaque déplacement comme l'enchaînement d'une série de postures qu'il
faut exécuter en passant sans heurt de l'une à l'autre. Réciproquement,
chacune d'elles correspond à une répartition particulière du poids du
corps lors d'un pas.
Soyez présent dans vos
déplacements pour sentir les différents temps de la marche (répartition
du poids du corps, équilibre et déséquilibre, travail des
articulations...). Voyez les postures que vous adoptez naturellement
lorsque vous vous arrêtez puis quand vous reprenez votre promenade,
vous déplacez vers le côté...
Quelles sont les
différences entre votre manière de marcher et le Karaté? La première
est l'utilisation du ventre (sauf si vous utilisez votre ventre pour marcher au quotidien), la seconde est l'ampleur du
déplacement,
car vos pas seront souvent plus amples pour augmenter la portée de vos
actions, la troisième, est la connection entre bassin thorax (hanches
et épaules...) et la dernière est l'intention.
On peut distinguer :
- Les postures dites d'attente que l'on adopte naturellement
lorsque l'on s'arrête.
- Celles
résultant de la décomposition d'un pas de marche vers l'avant,
l'arrière, le côté ou en cercle. Elles sont plus ou moins marquées
suivant l'importance du déplacement désiré (distance à couvrir avec un
seul pas, recherche d'allonge (portée)).
- Celles qui correspondent à des situations particulières :
- Postures utilisées pour esquiver : Le fait de changer de
position constitue souvent une esquive par rapport à un axe
particulier.
- Postures intermédiaires : Communes aux déplacements vers
l'avant, l'arrière et le coté.
- Postures
utilisées pour exécuter ou préparer une action verticale (ascendante ou
descendante) : Elles correspondent à une modification volontaire de la
hauteur du centre de gravité exécuté en liaison avec une action du
Hara.
- Postures sur une jambe : Elles servent principalement à
esquiver une attaque dirigée vers la jambe que l'on lève. On les
utilise également pour armer une technique de pied ou pour mettre une
jambe au repos.
- Postures à terre : Elles permettent de combattre à partir
du sol. On peut crocheter, balayer, projeter, esquiver et frapper à
partir de celles-ci.
- Postures pour suivre un adversaire qui use de la marche en
cercle.
- Postures utilisées pour faire face vers une direction
particulière.
- Pour
faire face à une attaque d'équilibre (traction ou poussée) : La
stabilité dépend de la faculté qu'a un combattant de faire évoluer ses
postures de manière à toujours présenter face à l'attaque l'axe le plus
fort possible du polygone de sustentation.
Les caractéristiques particulières permettant de
s'assurer qu'une position est juste sont :
- La liberté d'action du hara (aussi bien horizontalement que
verticalement).
- Le placement correct du bassin.
- L'intention. C'est à dire que si vous voulez faire de grands
pas (augmenter la portée de vos attaques) vous enchaînerez des postures
relativement basses ; si, par contre, vous faites de petits pas elles
seront beaucoup plus hautes et beaucoup moins marquées.
L'action du hara, accompagnée d'une intention particulière, fera
évoluer vos postures en fonction des besoins. Il en résultera des
postures justes, naturellement créées par l'action de celui-ci.
Il faut toujours rechercher la posture la plus
naturelle à partir de laquelle vous vous sentirez à l'aise. Épaules et
hanches sont dans le même plan vertical et restent horizontales.
Entraînement
Enchaînez
les postures suivantes en vous arrêtant sur chacune puis en un seul
mouvement doux et coulé. Tout le corps doit se déplacer en une unité à
partir du ventre
Pas en avant :
- Zen-Kutsu posture
d'engagement vers l'avant Kake-Dachi (deuxième forme) Heisoku-Dachi Nekoashi-Dachi Ko-Kutsu
(deuxième forme) Fudo-Dachi Zen-Kutsu
- Kiba-Dachi Fudo-Dachi Zen-Kutsu posture
d'engagement vers l'avant Kake-Dachi (deuxième forme) Heisoku-Dachi Nekoashi-Dachi Ko-Kutsu
(deuxième forme) Kiba-Dachi
- Sochin-Dachi Hangetsu-Dachi Uchi-Hachiji-Dachi Sanchin-DachiSochin-Dachi
Pas de côté
- Kiba-Dachi Tate-Seishan Nekoashi-Dachi Kake-Dachi Ko-Kutsu Kiba-Dachi
Pas en arrière
- Refaite
les exercices précédents, en reculant (inverser l'enchaînement des
postures et utilisez la première forme de Ko-Kutsu). Pour le
déplacement latéral à partir de Kiba-Dachi, il faut croiser derrière.
Remarque : L'écart
longitudinal est le même pour Zen-Kutsu, Ko-Kutsu, Fudo-Dachi et
Kiba-Dachi. Cette distance est fonction de la taille du pratiquant,
elle est d'environ 60 à 70 cm (longueur d'un bon pas).
Contrôles
Assurez-vous que
votre posture vous permet bien d'être relaxé et constamment en état de
vous mouvoir, de faire travailler harmonieusement les muscles
concernés, d'être stable lors de l'application d'une technique,
d'exécuter les techniques rapidement et sans appel, de vous déplacer
dans toutes les directions, d'utiliser librement le ventre et de
déplacer le poids de votre corps sans déséquilibre.
Exercices
A partir de Yoi,
adopter toutes les postures dans toutes les directions en avançant puis
en reculant du pied droit puis du gauche en vous inspirant du croquis.
Idem à partir de Nekoashi-Dachi et Kake-Dachi (base ou variante).
Position de départ. Garde droite.
SA sens des aiguilles d'une montre.
SIA sens inverse.
1) Zen-Kutsu
2) Kiba-Dachi
3) Ko-Kutsu etc.
Tori hors de portée - Toutes directions.
- Pivot SA sur le pied avant ou arrière pour faire face à 1 h.
- Faire face en pivotant, après avoir regroupé en Nekoashi-Dachi.
- sur le pied arrière, dans SA de 1 h à 6 h et SlA de 11 h à 6 h
- sur le pied avant, dans SIA de 9 h à 6 h.
- Vous pouvez également regrouper en Kake-Dachi (variante) pour
pivoter sur le pied avant dans SA de 1 h à 6 h et SIA de 11 h à 6 h.
Dès que votre corps est correctement orienté, adoptez, une à une,
chaque posture possible.
1) en avançant
2) en reculant
3) sur le côté en changeant ou non de pied.
Faire de même pour la situation suivante.
Tori à distance de combat
Il attaque :
- A 1 h : pivot
SA sur le pied avant en Kake-Dachi jusqu'à faire face à 2 h 30 (permet
d'esquiver ou prendre un angle de 45°).
- 2 h : comme 1 h mais jusqu'à 3 h 30.
- 3 h : idem jusqu'à 4 h 30.
- 4 h : idem jusqu'à 5 h 30.
- 5 h : idem jusqu'à 6 h 30.
- 6 h : idem jusqu'à 7 h 30.
- 7 h : pivot SIA sur pied avant en Nekoashi-Dachi ou Kake-Dachi
jusqu'à faire face à 5 h 30.
- 8 h : idem jusqu'à 6 h 30 ou reculer le pied droit.
- 9 h : idem jusqu'à 7 h 30 ou reculer le pied droit face à 10 h
30.
- 10 h : reculer le pied droit face à 11 h 30 ou pivoter SIA en
Kake-Dachi jusqu'à 8 h 30.
- A 11 h : reculer le pied droit face à 12 h 30 ou pivoter SIA en
Kake-Dachi jusqu'à 9 h 30 ou passer en Soshin-Dachi.
Tori à distance de combat - Un trou se présente - Vous attaquez
- 1 h : a) avancer en Zen-Kutsu à
1 h.
b) comme a) mais changer de pied au moment où ils sont joints.
c) pas chassé en Kiba-Dachi.
- 2 h et 3 h comme dans 1 h c) ou
avancer le pied droit vers Tori en Kiba-Dachi.
- 4 h et 5 h avancer le pied droit
vers Tori en Kiba-Dachi.
- 6
h : pivot SIA sur les deux pieds puis avancer en Zen-Kutsu ou
croiser le droit derrière le gauche puis décroiser en Kiba-Dachi.
- 7 h et 8 h : Zen-Kutsu droit ou
croiser le droit devant le gauche puis décroiser en Kiba-Dachi.
- 9 h et 10 h : avancer le pied
gauche en Kiba-Dachi.
- A 11 h : a) comme 1 h a)
et b).
b) croiser le droit devant le gauche, puis avancer en Zen-Kutsu.
c) avancer directement en Zen-Kutsu.
TALON OU POINTE ?
Cette question se pose fréquemment, voyons quels principes permettent
d'y répondre.
A. Voyons tout d'abord le cas de la marche.
Pour comprendre la marche lorsque l'on pratique un AM, il faut se
reporter à trois points essentiels que nous ont laissés les maîtres.
- « Le karate ne s'arrête pas à la porte du dojo. » G.
Funakoshi
- Les postures.
- L'utilisation du ventre aussi bien pour dessiner dans l'espace
nos gestes et nos techniques que pour conduire nos déplacements.
- Selon
Hino Akira senseï, la marche est la chose
la plus importante. Quelle que soit son activité l'homme est amené à se
déplacer. Comprendre l'importance de la marche c'est pouvoir pratiquer
en permanence. Il ne s'agit pas simplement des déplacements dans le
dojo mais à chaque instant de la vie.
1. Il est évident que si la
pratique de l'art du ventre se trouve limitée au travail en salle, il
sera difficile d'en acquérir les automatismes nécessaires à une réelle
maîtrise (réagir avec le ventre). C'est pour cette raison qu'il faut
s'en servir au quotidien pour s'entraîner.
On peut aisément apprendre à marcher à partir du
ventre, il suffit pour cela, après avoir pris conscience du
placement du bassin, de se concentrer sur la hanche qui sera le moteur
de l'action.
Mettre son esprit dans la hanche correspondant au pied que l'on désire
avancer permet une marche particulièrement rapide et endurante. Elle
doit être également travaillée dans les escaliers où, en les montants
par deux marches à la fois, on travaille au maximum à partir du hara.
Il faut également se servir systématiquement du ventre à chaque fois
que l'on tend un bras pour saisir quelque chose, que l'on ouvre une
porte, une fenêtre...
Contrôlez la correction de votre marche.
En particulier l'attaque correcte du talon, la stabilité (placement du
bassin) et la trajectoire en ligne droite.
Passez enfin à l'étude de la marche "à partir du ventre" en vous
concentrant sur le travail du bassin (sur la hanche correspondant au
pied que l'on désire projeter en avant). Sur terrain plat puis en
montée et enfin dans des escaliers (attention toujours au placement du
bassin).
2. L'étude des postures commence par celle de la marche. On peut
considérer chaque déplacement comme l'enchaînement d'une série de
postures qu'il faut exécuter en passant sans heurt de l'une à l'autre.
Réciproquement, chacune d'elles correspond à une répartition
particulière du poids du corps lors d'un pas.
Par exemple, pour un pas en avant, nous aurons :
Zen-Kutsu posture d'engagement vers l'avant Kake-Dachi (deuxième forme) Heisoku-Dachi Nekoashi-Dachi Ko-Kutsu
(deuxième forme) Fudo-Dachi Zen-Kutsu
Ainsi, lorsque l'on marche dans la rue, on le fait à partir du ventre
en enchaînant les différentes postures.
Mais, avec quelques différences bien entendu.
La position étant naturelle (haute) ce n'est visible que par une
personne ayant un haut niveau en AM.
Du fait que l'on n'utilise pas, alors, le ventre pour créer une
technique avec les bras, on n'a pas besoin d'assurer la connexion entre
hanche et épaule.
Ainsi, on conserve les épaules de face et l'on agit avec le ventre en
créant une torsion au niveau de la taille qui a pour avantage de
produire un travail abdominaux, obliques.
Bien entendu, dès que l'on utilise les bras, on connecte l'ensemble
pour que le geste soit produit par le ventre.
Si l'on tient compte de ces éléments on se rend compte que lorsque l'on
pose le pied devant soi on est en ko-kutsu (2e forme), ce qui veut dire
que l'on pose le talon au sol sans qu'il puisse y avoir le moindre choc
puisque le poids du corps n'est pas encore transféré sur cette jambe.
Ensuite on enchaîne avec Fudo-Dachi, Zen-Kutsu etc.
Note : Si vous avancez votre pied en conservant vos hanches de
face, votre jambe est trop courte pour que votre talon puisse toucher
le sol. Par contre, en avançant la hanche correspondante votre talon
sera près du sol. A tester.
Inversement, lorsque l'on recule (rompt) on pose la pointe en premier
dans la posture d'engagement vers l'avant, donc le poids du corps
repose entièrement sur l'autre jambe, puis on enchaîne à nouveau les
postures (Zen-Kutsu...).
Ainsi, il reste possible de sentir le terrain derrière soi avant
d'engager le poids du corps.
Lorsque l'on observe les promeneurs dans la rue on voit aisément que
ceux qui « bottent » du talon et ceux qui marchent sur la
pointe des pieds sont ceux qui utilisent un déséquilibre avant pour
faciliter leur marche. Cette manière de procéder est une grave erreur
pour un pratiquant D'AM mais également pour le simple promeneur car
elle augmente le risque de chute et crée des tensions au niveau du dos
qui doit sans cesse agir pour compenser le déséquilibre.
Il ne faut jamais être en déséquilibre (sauf intention particulière),
c'est pour transmettre ce message que les maîtres insistent tant sur
les postures. Si votre marche est incorrecte vos postures le seront
également et vous ne maîtriserez jamais votre ventre.
3. Le fait d'utiliser le ventre aussi bien pour dessiner dans l'espace
nos gestes et nos techniques que pour conduire nos déplacements permet
de pouvoir commander aisément (simultanément) le haut et le bas. En
effet, si l'on utilise la taille en conservant le bassin fixe, il faut
commander séparément les jambes (déplacements, postures) ce qui est une
erreur.
B. Les Pivots
De même, tout pivot se fait à partir d'une action du ventre en
enchaînant les postures.
Ainsi, le choix entre pivoter sur le talon ou la pointe dépend tout
d'abord de la posture (répartition du poids du corps) dans laquelle on
se trouve. Si, par exemple, le poids du corps arrive sur la pointe il
est naturel de pivoter sur la pointe.
S'il est sur le talon le pivot commencera sur le talon quitte à
s'achever sur la pointe (l'action de la hanche qui s'engage dans la
direction du pivot débute le placement du pied sur le talon jusqu'à ce
que le poids du corps arrive sur la pointe...).
Ensuite l'intention compte également. Si pour un pivot de 180° SIA à
partir d'un zen-kutsu droit, on désire prendre un peu de champs, un
pivot sur la pointe sera adapté, par contre, un pivot sur le talon
déplacera le corps vers l'adversaire réduisant ainsi votre temps de
réaction.
Dans certains cas un pivot peut débuter sur le talon pour finir sur la
pointe. Dans le cas du pivot précédent, s'il débute au moment où votre
talon prend contact avec le sol en ko-kutsu (2e forme), il commencera
sur le talon mais si vous désirez prendre du champs vous allez
transférer vers la pointe en cours de pivot.
En conséquences, un pivot débute par une action du ventre projetant la
hanche dans la direction voulue transférant simultanément le poids du
corps sur le pied d'appui (pour le pivot).
Simultanément, suivant votre intention, vous pouvez modifier les appuis
de votre pied (talon ou pointe).
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