4.3 PREPARATION DE L'ATTAQUE (suite)


4.3.6 ATTAQUES PSYCHOLOGIQUES

 
Outre les trous créés par les feintes, il est bon d'affaiblir l'adversaire mentalement en lui suggérant, par l'attitude ou le langage, qu'il n'a aucune chance, de manière à miner sa confiance en lui. Les attaques verbales doivent être claires et convaincantes (attention, ne les utilisez qu'à distance neutre car il est dangereux d'être atteint par une attaque au menton tandis que l'on parle). Il faut essayer de lui faire croire que l'on est plus frais que lui, d'un niveau nettement supérieur, que ses coups ne pourront pas nous atteindre... On peut lui donner l'impression qu'on ne le prend pas au sérieux en conservant le sourire. Dès que ses émotions prennent le pas sur son esprit, il ne peut plus raisonner froidement. Ainsi peut-on profiter de ses erreurs de jugement pour le vaincre. S'il tente d'utiliser cette stratégie, on doit rester calme et essayer de l'amener à portée en le bluffant.

 __ Adversaire très nerveux ou émotif :

__ Dans tous les cas, on peut :

4.3.7 ATTAQUES AVEC IMMOBILISATION

 
Elles sont exécutées en appliquant une immobilisation préparatoire sur la tête, les cheveux, les mains ou les jambes de l'adversaire tandis que l'on entre. Pendant que l'on franchit la distance, il faut se fermer et se méfier des coups d'arrêt. On utilise souvent une feinte avant d'immobiliser. L'immobilisation de la garde libère une zone sûre pour frapper.

Elles peuvent être préparées par l'usage des autres attaques et les saisies peuvent être utilisées seules ou en combinaisons.

Une immobilisation peut être utilisée comme mesure préventive quand on attaque avec une main en immobilisant de l'autre, en glissant ou en contrant. Il faut alors utiliser une saisie ou un Empi-Uchi. On peut saisir la main avant de Tori de la main avant tandis que l'on pose le pied correspondant sur le sien (voir également 4.2.7 et 4.3.8).

 
4.3.8 ATTAQUES DE LA GARDE ADVERSE

 
Il s'agit de techniques qui ont pour but d'immobiliser, de retarder ou de déplacer momentanément le ou les bras de l'adversaire de manière à pouvoir attaquer sans qu'il puisse réagir ou à ouvrir sa garde.

Il s'agit de combinaisons de Kake-Waza, parades, coups d'arrêt, battus, bras ralentissant, etc. que l'on peut combiner aux Ate-Waza, Nage-Waza ou Kansetsu-Waza.

Elles peuvent être simples ou composées, directes ou indirectes.

 
4.3.8.1 Manipulations

 
Les manipulations servent à gêner l'action de l'adversaire et à ouvrir sa garde.

 
a) Le battu

Il s'agit d'une claque de la main portée contre le poignet de l'adversaire à partir de la garde (Mawashi-Kamae ou garde statique quoiqu'il soit, évidemment, bien plus vif à partir de la première).

Le battu ne peut être utilisé à volonté, il faut être patient et en saisir l'opportunité dès qu'elle se présente.

Il sert face à un combattant :

mais il est sans effet face à un adversaire dont la garde est contractée.

Bien qu'il puisse être suivi d'une attaque directe, d'un autre membre ou du même (par contre-désengagement) il est plus judicieux de prendre avantage des réactions adverses en le suivant d'une attaque indirecte ou composée.

Il faut le faire aussi sec et aussi court que possible en exécutant simultanément le pas en avant et l'action sur la garde adverse. Le battu vers l'intérieur est plus sûr. On peut utiliser un Teisho ou un Te-Uke à partir de Mawashi-Kamae (photos).

 
On l'utilise pour :

__ ouvrir une ligne par force pour assurer la pénétration de l'attaque. Il doit être, dans ce cas, brusque et vif. On peut y enchaîner une saisie de la main. On l'utilise souvent pour préparer une attaque aux avancées.

__ feinter avant une attaque, pour gagner du temps sur la parade en déplaçant la main de Tori et exécuter une attaque par désengagement, par coupé ou composée.

Il doit être léger et rapide, comme pour passer rapidement la main, et être suivi de l'attaque dans un même souffle.

__ piéger, après avoir adopté la cadence de l'adversaire en particulier, pour tirer une riposte directe, en vue d'exécuter une contre riposte, ou pour obtenir une réaction sous la forme d'une riposte indirecte.

Il doit alors être léger et pas trop rapide. On doit, dans le même temps, se tenir prêt à parer une attaque (d'une main ou de l'autre) ou, à éviter une tentative de saisie et à le suivre d'un second battu destiné à préparer une contre-riposte.

__ désorganiser le système défensif adverse.

__ inciter Tori à s'y dérober (faux battu).

S'il s'y laisse prendre, il faut poursuivre la courbe pour y enchaîner un second battu, s'il s'est contenté de recouvrir, pour parer une contre-attaque éventuelle ou pour le frapper avec une attaque directe.

__ fatiguer musculairement ou moralement un adversaire qui s'y dérobe correctement, mais dont le bras manque de force ;

__ détourner son attention et le surprendre par une attaque directe telle que Mai-Te...

 
Exemple :

 
Si Tori s'y dérobe, on peut poursuivre avec une parade circulaire, un second battu ou une saisie.

 
Défense contre le battu

On peut se défendre du battu en y résistant, en le parant ou en s'y dérobant, s'il est trop large ou trop lent, en exécutant un désengagement, un coupé, un contre-désengagement ou un contre-coupé.

 
b) La pression

Elle consiste à exercer une poussée, plus ou moins accentuée, perpendiculairement au membre de l'adversaire pour obtenir une réaction de désengagement ou pour le dévier.

Si elle prépare une attaque directe (Mai-Te, Zuki...) elle est faite avec légèreté, pour entrouvrir la ligne sans déclencher de réaction défensive. Lorsqu'elle accompagne un désengagement (ou un coupé) ou une attaque composée, elle est brusque, accentuée, cherchant à surprendre.

 
c) Le lié

Il s'exécute sous la forme d'un mouvement semi-circulaire et consiste à conduire la main de l'adversaire d'une ligne Jodan vers une ligne Gedan opposée ou vice-versa, en diagonale (extérieur-Jodan à intérieur-Gedan par exemple) tout en se fendant ou se déplaçant sur son extérieur, pour porter l'attaque ou en la portant, simultanément, de l'autre main (photos).



Il peut être suivi d'une attaque indirecte (désengagement ou coupé) ou composée.

En défense, on l'utilise contre un adversaire qui remise à toute force, bien que son attaque ait été parée et que les bras soient en contact.

 

d) Le croisé

Il porte la main de l'adversaire d'une ligne Jodan à une ligne Gedan, ou inversement, du même côté de l'engagement, en se fendant pour porter l'attaque. On l'emploie en riposte, de préférence au lié, parce qu'il ne fait pas passer le membre adverse devant le corps (photos).

 

e) L'enveloppement

Consiste à dévier la main de l'adversaire de sa cible dans un mouvement circulaire (décrivant un cercle complet) pour la ramener dans sa ligne d'engagement en fin de trajectoire (photos).

Il s'exécute sur feinte ou contre-attaque si le bras est ferme, sans excès.

S'il est mou, agir avec un battu.

 
Remarques : Le lié, le croisé, la pression et l'enveloppement précèdent une attaque ou servent à obtenir une réaction.

Le lié, le croisé et l'enveloppement servent souvent à croiser le bras de Tori au travers de son corps et se transforment généralement en saisie tandis que l'on porte l'attaque de l'autre main.

 
f) Les mains collées (Chi-Sao)

Après avoir pris contact avec les poignets de Tori (engagé) on s'y maintient, en s'adaptant à ses actions pour les contrer, jusqu'à ce qu'une ouverture se présente ou que l'on puisse l'amener à croiser les bras.

 
4.3.8.2 Défenses contre les manipulations

 
On peut, suivant la situation :

4.3.8.3 Saisies

 
En saisissant le poignet de l'adversaire, à partir de Mawashi-Kamae, on crée une ouverture pour l'attaque qui s'enchaîne ou qui accompagne la saisie. On s'en sert pour le tirer dans l'attaque (Hikite), l'empêcher de recouvrir en arrière (rompre) ou pour l'empêcher d'exécuter un coup d'arrêt.

 
a) Saisies simples

 __ Directes

Il s'agit de saisies exécutées en attaque et dirigées contre un membre de l'adversaire. On saisit généralement de la main arrière et l'on délivre l'attaque de la main avant, ce qui expose moins le corps (photo).

On peut cependant saisir son poignet de la main avant tout en avançant avec un entre-pas et délivrer une attaque de la main arrière (photos).

 
__ Indirectes

Utilisées sur sa défense, souvent pour éviter sa contre-attaque, elles sont généralement dirigées contre la bras qui a paré.

 
En vraie garde :

 
b) Saisies composées

 Elles consistent en une série de saisies dirigées vers plusieurs membres et résultent habituellement d'attaques progressives.

 __ Directes

Elles supposent que l'adversaire pare l'attaque initiale.

 En vraie garde :

on utilise la main avant pour achever l'attaque.

Exemple : S'il pare Gyaku-Zuki d'un Gyaku-Ude-Uke (photo), saisissez son poignet de la main avant tandis que votre main arrière décrit une courbe SIA (photo) de manière à venir protéger votre flanc avant de son Mai-Te. Enchaînez en reprenant son poignet de la main arrière pour croiser son bras au travers de son corps tandis que vous délivrez Mai-Te-Jodan ou Mawashi-Zuki.

 
En fausse garde :

on use généralement de la main arrière pour achever l'attaque.

Exemple : Ayant saisi le poignet avant de Tori de la main arrière, vous délivrez Mai-Te-Jodan (photo). S'il le pare d'un Gyaku-Ude-Uke, vous croisez son bras sur l'autre de la même main tandis que vous le frappez d'un Gyaku-Zuki-Jodan (photos).

 

__ Indirectes

Elles supposent qu'il précède son attaque d'un battu ou d'une saisie.

 

En vraie garde :

S'il débute son assaut d'un battu de la main avant, esquivez-le en désengageant et saisissez-la. S'il tente de délivrer un Gyaku-Zuki-Jodan, parez avec Gyaku-Shuto-Jodan-Age-Uke et contre-attaquez avec Mawashi-Zuki tout en croisant ses bras de l'autre main.

 

En fausse garde :

A la suite de son battu, prenez le contrôle de sa main avant de la main correspondante. S'il attaque avec Gyaku-Zuki-Jodan, parez avec Gyaku-Te-Nagashi-Uke, saisissez son poignet et contre-attaquez avec Mai-Te ou Uraken-Uchi (IE).

 

c) Le bras ralentissant

Cette technique consiste à saisir le bras ou les habits de Tori et à le déséquilibrer en tirant ou poussant sur son membre. On l'achève ensuite avec une combinaison ou on lui applique une immobilisation au sol après l'y avoir amené.

On l'utilise face à un adversaire qui use d'une garde étendue et de parades ou contre celui qui esquive à peine les attaques telles que Yoko-Geri ou Mai-Te sur Yori-Ashi.

 

Remarque : Si vous pensez qu'il utilisera un coup d'arrêt, utilisez cette technique en glissant (Yori-Ashi) avant de délivrer un Zuki.

 

4.3.8.4 Défenses contre les saisies

 

Généralement, le combattant qui applique une saisie bénéficie d'un léger avantage puisqu'il a une plus grande liberté d'action. Il est alors essentiel de savoir le contrer.

On peut :

__ s'y dérober avec un mouvement circulaire destiné à parer l'attaque préparée par Tori et, si on le veut, le saisir de l'autre main puis achever avec une attaque circulaire (Mawashi-Zuki, Haito-Uchi (EI) etc.). On utilise généralement la courbe Mawashi pour ce faire.

__ se dégager avec ou sans défense supplémentaire (esquive, parade) ou avec une attaque simultanée (photos).

__ surpasser sa saisie et le tirer dans la contre-attaque (photos),

ou

enchaîner avec un Kansetsu-Waza (photos et figs) ou le pousser (photos).



__ parer d'une main ou de l'autre sans s'y soustraire (on utilise en générale des parades du coude (Empi-Uke) pour parer de la main tenue par Tori) et contre-attaquer avec une contre-saisie suivie de l'attaque finale (photos).

__ profiter de sa tentative de saisie pour le frapper avec l'autre main ou les pieds.

 
Remarques :

__ Qu'il s'agisse de manipulations ou de saisies, les techniques utilisées sont généralement exécutées à partir de Mawashi-Kamae, aussi bien en attaque qu'en défense.

__ On a toujours intérêt à tenter de croiser le bras que l'on a saisi au travers du corps de Tori de manière à immobiliser son autre bras.

Lorsque l'on pousse son bras vers son corps, il faut le faire en direction de sa ligne médiane.

Exemple : Saisir et tirer sa manche ou son poignet arrière vers votre extérieur, de manière à croiser ses bras puis Gyaku-Zuki en profitant de l'ouverture.

__ Si l'on affronte plusieurs adversaires, il faut toujours accompagner le dégagement d'une esquive de manière à rester constamment en déplacement.

 
4.3.8.5 Les coups d'arrêt (voir 4.1.7)

 
Les coups d'arrêt sont des contres qui stoppe l'adversaire pendant la trajectoire de son coup. Ils créent une ouverture en handicapant son membre.

 
4.3.8.6 Attaques de la garde adverse avec les pieds

 
Elles servent à ouvrir la garde adverse pour enchaîner avec les pieds ou les poings. On peut également les utiliser pour tenter de le désarmer dans certains cas.

 

4.3.8.7 Les attaques aux avancées

 
Elles sont généralement portées par coup direct (Mai-Te, Mae-Geri...) ou par désengagement de la main, à l'avant-bras, au biceps, à l'épaule, au genou, à la cuisse, au pied avant ou au visage.

Celles qui s'éloignent du plan horizontal doivent avoir lieu par surprise, soit après une feinte Jodan soit à la suite d'une attaque de la garde adverse.

On peut user le bras d'un adversaire en le frappant à l'épaule ou au biceps.

 
4.3.8.8 L'accrochage

 
L'accrochage consiste à se saisir des bras de l'adversaire, en entrant en corps à corps, de manière à ce qu'il ne puisse pas s'en servir pour frapper. Cette technique permet de lier Ate-Waza, Nage-Waza et Kansetsu-Waza.

C'est une phase active du combat qui, bien que l'allure y soit plus réduite, est aussi dangereuse que les autres.

Dès que Tori est déséquilibré enchaînez avec Ura-Zuki, les Empi-Uchi, les Hiza-Geri, les coups d'épaules, de tête, les balayages, etc.

 
Exécution :

Après être entré à l'intérieur des bras de Tori, dans un mouvement proche de Kakiwake-Uke, exécuté en principe à partir de Mawashi-Kamae, saisissez ses épaules puis faites glisser immédiatement vos mains vers ses biceps pour les bloquer.

 Conseils :

__ Mêlez harmonieusement vos mouvements à ceux de votre adversaire.

__ Ayez constamment un équilibre parfait, tête et haut du corps droits.

__ Conservez vos bras à l'intérieur pendant toute la durée de l'action.

__ Ne cherchez pas à coincer ses bras sous vos aisselles, ce serait une mauvaise idée (les pincements sont douloureux à cet endroit).

 Applications :

__ Si votre adversaire est plus petit que vous, utilisez l'accrochage pour le neutraliser en corps à corps et l'amener au sol ou pour vous protéger si votre attaque a échoué. Dans ce dernier cas, repoussez-le violemment pour le déséquilibrer et enchaînez rapidement avec des Ate-Waza ou des Nage-Waza.

 Remarque : N'attaquez pas avant qu'il soit déséquilibré car il aurait alors l'avantage à cette distance.

 __ S'il est le plus vif, utilisez l'accrochage agressivement pour l'amener au sol.

__ S'il est le plus lourd, immobilisez ses bras et repoussez-le au loin pour reprendre le combat à distance moyenne ou bondissez en arrière pour recouvrir à distance.

Frappez quand il rentre puis accrochez-vous pour le repousser et frappez à nouveau quand il s'éloigne.

__ Face à un adversaire plus grand et plus faible (physiquement ou techniquement), utilisez l'accrochage pour enchaîner avec des Nage-Waza.

Vous pouvez feindre un accrochage, lever ses bras avant qu'ils ne soient immobilisés, vous baissez pour saisir ses jambes et le renverser.

 
4.3.8.9 Accrochage au sol

 Il faut se saisir des bras ou des mains de l'adversaire, jamais de son corps. Il faut débuter l'action en conservant le corps près de lui, les deux mains partant à l'intérieur de ses bras. Après avoir saisi ses épaules il ne reste qu'à descendre vivement les mains le long des bras jusqu'à ses biceps. S'il tente de frapper, pesez fermement dessus puis utilisez-les comme levier pour le renverser.

 
Remarque : Tenez-vous plus haut que votre adversaire, en Jigo-Dachi, de manière à pouvoir user du poids de votre corps pour l'écraser vers le sol.

Suite vers exécution de l'attaque

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